On A Parlé De Rap Belge,
De Mitterrand Et D'Amour Avec Hamza Et The Magician
De la chantilly plus très fraîche dans un milk-shake commandé juste pour le photoshoot, Hamza qui ne quitte pas ses lunettes de soleil noires à l’intérieur de ce dinner américain de banlieue parisienne, et The Magician qui ajuste son col de chemise frénétiquement. De loin, tout pourrait apparaître comme une mise en scène. Pourtant, il suffit de sortir son bloc note, de constater une coupure de courant générale dans le quartier et d’entamer notre interview pour comprendre qu'il y a ce petit je-ne-sais-quoi de plus chez les Belges, cette cerise sur le milk-shake. The Magician et Hamza, c'est la rencontre de deux Bruxellois amoureux de la musique. Les garçons sont venus chatouiller les fées du rnb et de la house music dans leur titre "Love Break". Un frappé de sonorités, une ode au smooth et aux nappes électro qui donne envie d'été toute l'année. Il est bientôt 17h au HD Diner de Levallois-Perret, voilà presque trois heures que les frites sont froides sur le bout de la table, mais tout le monde à le sourire, personne ne s'impatiente. C'est sûrement ça, ce petit je-ne-sais-quoi belge, cette gentillesse naturelle mélangée au talent. 100 ml de rap belge, une gousse d'amour éternel, voici la recette de notre discussion avec le SAUCEGOD et The Magician pour une interview à servir très fraîche.
"En Belgique il n’y a pas de code à respecter, surtout
dans le rap. On ne se mange pas les uns les autres."
-Hamza
HYPEBEAST FRANCE : On parle de la nouvelle vague du rap made in Belgique mais c’est plutôt un raz de marée non ?
Hamza : C’est vrai qu'il y a pas mal d’artistes belges qui sont en train de prendre de la place dans le paysage français. On pourrait même parler d’un mini tsunami. Je pense que tout ça, c’est lié à notre culture et à notre façon de nous exprimer qui sont différentes. Chez nous, dans la musique belge, il existe plusieurs personnages et chacun à son identité propre. Par exemple le travail de Damso ne ressemble pas du tout à ce que moi je fais, Caballero & JeanJass pareil. Tout le monde a son petit truc à lui et c’est ça notre richesse. Pas de copier/coller. En Belgique il n’y a pas de code à respecter, surtout dans le rap. On ne se mange pas les uns les autres. Tu fais ce dont tu as envie, tu n’as pas besoin de coller à une image de rappeur. En France c’est différent, il y a beaucoup d’artistes qui se ressemblent et qui veulent se ressembler.
The Magician : Il y a moins d’identités personnelles dans l’Hexagone. Dans l’électro c’est pareil. C’est un truc assez belge de ne pas vouloir absolument être le miroir de l'autre, on a une certaine pudeur, on est beaucoup moins grande gueule que les Français et ça je pense que c’est un peu charmant pour vous.
HB : Il n’y a pas de culture de la copie en Belgique ? Par exemple Hamza, tu n’as pas accouché de trente petits Hamza suite à ton succès ?
The Magician : Il y en a certains en Belgique qui s’inspirent d’Hamza ou de Damso. Je ne sais pas s'ils vont jusqu'à les copier, ils puisent dans l'univers d'Hamza c’est sûr, mais il n’y a pas ce côté envieux chez nous, par rapport à l’autre. C'est en tout cas comme ça que je le ressens quand j'essaie de faire une photographie du rap belge et français.
Hamza : Chez nous les gens sont beaucoup plus difficiles qu’en France. Pour leur vendre quelque chose ou pour que le Belge soit derrière toi, te suive, te porte, c’est plus tendu. Il y a plus d’exigence tout simplement parce que la musique n’est pas une culture aussi importante qu’en France chez nous en Belgique. En France il y a vraiment un marché, même si on a déjà eu de grands artistes en Belgique, ici c’est vraiment plus important.
The Magician : Tu vois un truc tout bête, mais il n’y a pas de bureaux Spotify en Belgique. Ce n’est pas développé comme en France, en Allemagne ou en Angleterre. Notre key-pays c'est vraiment la France quand on veut toucher un public francophone.
HB : Les rappeurs belges ont-ils beaucoup regardé les rappeurs Français ? Et est-ce que la tendance n’est pas en train de s’inverser ?
Hamza : On nous regarde, c'est sûr. Je le ressens et je l’entends aussi sur d’autres artistes mais oui il faut l'avouer la lumière est sur nous, les artistes belges sont en train de "pop-in". Tu as toujours besoin d’un bon exemple, quand il y a quelque chose qui marche, inéluctablement ton regard va se porter sur ça c’est normal, comme moi à l’époque quand je suivais le rap français parce que c’était l’apogée. Mais français ou belge, ça reste du rap francophone pour moi alors je suis les deux de près. Que ça vienne du Canada, d’Afrique, tant que c’est du rap francophone ça reste dans la même case. C'est la langue qui m'intéresse.
HB : Est-ce que la France pour les artistes belges c’est un peu comme leurs Etat-Unis ? Est-ce que la réussite passe par une valorisation en France ?
The Magician : Pour moi ça n’a pas été le cas parce que je suis producteur et DJ, pas chanteur donc je ne m’exprime pas dans une langue bien particulière. J’ai alors tout de suite regardé à l’international parce que je n’avais pas la barrière de la langue. Ce n’est pas forcément là-bas qu’on fait la meilleure musique mais d’un point de vue tactique c’est hors Europe que les opportunités sont nombreuses. En revanche, d'un point de vue plus authentique, j’ai à cœur de toucher un public français qui est pour moi un public élite, le public belge c’est encore plus difficile, mais la France c’est vraiment l’élite dans le jugement de la musique. Les Japonais c’est encore un autre level et l’Angleterre aussi…
Hamza : Je suis d’accord. En tant que rappeur la France c’est l’endroit où tu es obligé de passer pour
fonctionner. Parce que quand tu as forgé ta notoriété en Belgique c’est petit, tu es enfermé, tu as le côté francophone et néerlandophone dans notre pays qui limite ton audience. Bruxelles est une ville séparée en deux, dès lors que tu veux toucher des francophones en Belgique le nombre se restreint rapidement. À cela se rajoute un autre challenge, là-dedans il faut trouver ceux qui aiment le rap, donc tu descends encore côté chiffres et côté auditeurs potentiels. À ça se rajoute aussi les opportunités liées aux rencontres, à la presse… Il y a un plus grand panel de médias en France. Tout le monde passe par ici, même les Américains, c’est un carrefour de confluences pour les rappeurs belges. Que ce soit pour la mode, la musique, le sport. Comme a dit The Magician la France c’est un pays élite.
HB : Si on ne fait pas d'aussi bonnes frites que chez vous, qu’est-ce qu’on cuisine bien dans la musique en France ?
The Magician : Je crois qu’on peut citer tout simplement les Daft Punk. C’est un exemple de réussite à plusieurs niveaux. L’image par exemple. Les Français sont un exemple en termes d’image. Et là justement, si tu compares aux Anglais ou aux ricains, l’apparence est moins travaillée, c’est beaucoup plus brut. Les Français sont très raffinés en image. C’est le top du raffinement pour moi en musique, en mode, en design, dans la façon de se comporter et évidemment en cuisine. Chez vous 50% d’images et 50% de musique, ça peut fonctionner, alors qu’en Angleterre non, pareil aux Etats-Unis. Là-bas c’est plus 75% de musique et le reste pour l’image. Les gens portent moins d’importance à l’image ailleurs.
Hamza : En plus de ça je rajouterais le fait qu'il y a de très bons producteurs en France.
HB : Mais c’est positif ou négatif de demander à un artiste 50% de talent et 50% pour envelopper le tout. Il suffit donc d’avoir un bon packaging ?
Hamza : Moi je trouve que même si tu n’es pas hyper calé mais qu’il y a comme tu dis le bon packaging, sur la balance ça fonctionne. Je ne vais peut-être pas aimer la musique mais je vais aimer le personnage. S'il y a un équilibre, alors ça marche. C'est surtout ça l'important. Le bon dosage.
The Magician : Ça marche aussi à l’inverse, tu peux aimer la musique mais pas le personnage et dans ce cas il faut faire abstraction de l'image. Je ne sais pas lequel est le plus dur d'ailleurs. Faire abstraction de la musique ou de l'image ? Encore une fois comme le dit Hamza, ça ne fonctionne que si le dosage entre ces deux entités est juste.
HB : Hamza il y a une réelle attente francophone et même internationale autour de ta musique, en as-tu conscience et comment accueilles-tu cela ?
Hamza : Je le ressens bien sûr. Je le vis comme une motivation, ça me motive tous les jours pour agrandir le spectre et c’est une réponse à toutes les questions que je me pose justement. Quand tu essaies de construire, c’est une preuve que tu as emprunté le bon chemin. Ça fait plaisir de se dire que des gens comptent sur toi.
The Magician : Je pense qu'il faut rappeler qu'Hamza ce n’est pas qu’un rappeur, c’est un vrai chanteur mélodique, il a une vraie puissance mélodique. Les gens ont tendance à le caser dans la rubrique rappeur mais c'est aussi un chanteur qui a su justement semer le trouble dans la tête des gens. Un peu comme ce que Drake a réussi à faire.
"Ma plus belle œuvre en amour c’est l’attention."
-Hamza
HB : En 1967 François Mitterrand écrivait à Anne Pingeot : "T’aimer est en soi une œuvre passionnante". Et vous c’est quoi votre plus belle œuvre en amour ?
The Magician : Ma petite fille. C’est elle ma plus belle œuvre réelle.
Hamza : Elle est compliquée cette question. Moi je n’ai pas de réponse évidente comme ça. En tout cas, ce que j’ai appris en amour c’est que j’aime beaucoup prendre soin de la personne avec qui je suis. Je suis très attentionné, je suis très au service de la personne que j’aime. Ma plus belle œuvre en amour c’est l’attention.
HB : Love Break, c’est un titre sur une rupture amoureuse. "J'aimerais tant qu'on s'aime et définitivement". Est-ce que ça reste toujours un rêve de trouver la femme de sa vie ?
The Magician : Si j’étais célibataire, je pense que je serais très malheureux parce que je vois comment les plus jeunes autour de moi ont du mal à trouver l’amour. Honnêtement je ne saurais pas comment m’y prendre, j’ai l’impression que les codes ont changé.
Hamza : Je pense que c’est important de prendre son temps, de s’amuser mais quand tu es avec une personne tu te rends compte aussi que c’est une affaire de moitié-moitié. Elle est là pour toi, tu es là pour elle. Je trouve que c’est bien dans la vie, ça donne beaucoup de force. Moi ça m'a donné en tout cas beaucoup de force, d'avancer à deux. Et si ce n'est pas la femme de ta vie c'est en tout cas un bout de chemin de vie.
The Magician : Ta copine elle te connaît souvent mieux que tes parents. Il y a des choses que tu confies à ta partenaire que tu n’oses pas dire à ton père et ta mère. Elle te permet de te faire une carapace et d’avancer encore plus loin dans la vie.
"En amour
-The Magician
je pense qu’il
faut être deux.
Enfin c’est mieux ou alors
c’est vraiment
de l’égocentrisme"
HB : D’ailleurs c’est quoi l’amour ? Est-ce que ce n’est pas juste qu’une question de vibe ?
(Rires)
The Magician : Tiens d’ailleurs si on peut rajouter un truc aux Belges, c’est leur second degré. On rit de nous-même assez facilement. On a plus d’autodérision globalement. En amour je pense qu’il faut être deux. Enfin c’est mieux ou alors c’est vraiment de l’égocentrisme. On a tous été créé égoïste à la base, et la vie fait qu’on s’ouvre et qu'on accepte d'aimer un autre que soi.
Hamza : L’amour c’est la passion. C’est très large comme thème. On ne peut pas seulement résumer ça à l’amour entre une femme et un homme. Ça peut être l’amour de la musique, par exemple. Je dirais qu’à partir du moment où tu es passionné alors il y a de l’amour.
HB : Les rapports homme-femme ont-ils changé dans les textes de rap ? Est-ce qu’il y a une prise de conscience autour de la femme objet ?
Hamza : Ce que je dis toujours, c’est quand je semble dénigrer la femme dans mes textes je fais allusion à une situation précise qui m’est arrivée. Je ne généralise pas, je parle d’une expérience personnelle. Une femme ça se respecte. Il y a des choses qui ont changé dans ma perception de la femme depuis que je suis en couple… c’est une constante évolution. Mais dans mes textes je ne veux jamais stéréotyper la femme. Je cite une situation bien précise qui ne s'applique pas à toutes les histoires d'amour ou expérience personnelle. Je pense que c'est important que mon public le comprenne.
The Magician : Le rap c’est l’expression de sentiments, parfois de souvenirs, mais c'est surtout un courant musical qui est dans le moment, la vibe du moment, la politique du moment... Hamza par exemple est en couple actuellement et on le ressent dans ses textes. Il est davantage dans l'expression de ses sentiments amoureux.
HB : Spotify a décidé de retirer de ses playlists R. Kelly et XXXTentacion, suite à des accusations d’agressions sexuelles. Comment interprète t-on cette décision quand on est artiste ?
Hamza : Je pense que c’est une décision importante. Souvent on ne fait qu’attention à l’image et à la musique sans regarder plus profondément qui est derrière la personne. Qui elle est vraiment. C’est primordial que les gens suivent des personnes qui sont respectables. Si par exemple demain j’apprends qu’un artiste est condamné pour agression sexuelle je ne pourrais plus l’écouter. Je ne peux pas avoir de respect pour des mecs comme ça. Ce n’est pas juste de juger simplement par rapport à la musique. En revanche on ne peut pas non plus accuser un artiste de ne pas respecter les femmes simplement à travers une musique. Il faut savoir faire la part des choses et ne pas toujours être dans une interprétation négative et qui s'appliquerait de façon universelle.
The Magician : Je pense que c’est un sujet complexe. Regarde un mec comme R. Kelly il est inscrit au patrimoine du rnb mais évidemment que son comportement soulève des questionnements. Est-ce que si ses chansons se lancent dans ma playlist je zapperai immédiatement ? Je ne suis pas sûr que j'en aurai conscience tout de suite, au moment où la chanson débutera. Il faudra un temps pour défaire certaines habitudes.
HB : L’identité visuelle semble être aussi importante quand on est un producteur et qu’on travaille dans l’ombre.
The Magician : Je suis un DJ donc je suis quand même sur la scène et face à un public. Dans le milieu de la nuit tu rencontres des gens et même si tu veux rester mystérieux, ça se cultive le mystère, et ça peut aussi passer par l’image. Ne pas donner trop d’interview mais savoir aussi préparer le peu d’apparitions que tu veux faire. Parce que justement elles vont être davantage regardées. Il faut donc qu’elles soient fortes dans le discours et dans l'image et c'est là que le style vestimentaire intervient. S'il est parfois orchestré de façon marketing, le mystère est aussi le reflet d’une certaine timidité. C’est mon cas, j’ai beaucoup de mal à me regarder dans les clips par exemple. Ce qui peut paraître paradoxal c’est que je travaille quand même mon image et j’ai appris à aimer ça. Vieillir a aussi été un réel questionnement pour moi. Je suis entouré de plus jeunes et forcément on est confronté à d'autres reflets. Apprendre aux côtés de cette nouvelle génération c'est justement ce qui m'a aidé à avoir confiance en moi sur mon image. Ils savent tout de suite détecter tes points forts, parfois de façon innocente, et c'est un conseil plus qu'une leçon.
Hamza : Tu peux toujours travailler ton image mais il faut aussi savoir jouer avec son charisme. Et je pense qu'on gagne en charisme quand on apprend à avoir confiance en soi. La mode est liée à l'image et, avant d'être une question de goût, c'est surtout une question d'assurance. Bien sûr il faudra s'entourer, être conseillé par de vrais spécialistes de la mode pour savoir corriger ses défauts, mais il faut avant tout y croire et croire en soi. Le charisme il ne vient pas avec une veste Dior sur le dos, elle peut t'aider à craner un peu mais une fois enlevée il ne faut pas se délester de la confiance qu'on a en soi.
HB : Toi Hamza tu as tout de suite compris qu'il fallait que tu travailles ton image ? Dans quelle mesure elle a créé "Hamza" ?
Hamza : Je l'ai compris dès le début mais je n'y ai pas fait attention pour autant immédiatement. Pendant un long moment je buvais beaucoup d'alcool, je fumais énormément, je ne faisais pas attention à moi. J'étais tout le temps gris, je portais des capuches pour me cacher. Avec le temps j'ai diminué tout ça et j'ai pris goût à l'image mais aussi à un mode de vie plus sain. J'ai également rencontré Nico Bellagio, mon partenaire créatif qui est aussi mon DJ, associé, et qui a su me guider dans la construction de mon image. J'ai toujours aimé les grosses marques de luxe mais pas les gros logos par exemple. On a affiné ensemble ma vision de la mode et la façon dont je voulais me représenter. Il faut surtout se documenter pour perfectionner son image, ce que fait beaucoup Nico.
HB : Ça a influencé Hamza le chanteur ou Hamza l'homme ?
Hamza : Vraiment moi dans mon ensemble, dans la vraie vie je suis pareil. J'aime la sappe, j'aime me sapper, sur la scène ou hors scène. Le vêtement n'est pas devenu un costume.
The Magician : À l'inverse, quand j'ai débuté j'avais imaginé une tenue de scène, finalement comme tu dis c'était un costume. Avec le temps j'ai appris et grâce à ma copine, qui m'a beaucoup aidé là dessus, à réfléchir à ce qui m'allait. Pas simplement porter ce que j'aimais. Balenciaga par exemple, j'aime beaucoup mais ça ne me représente pas, il faut savoir coller à ce qu'on veut dégager. Les deux ne font pas toujours la paire. Aimer une marque ne veut pas dire qu'elle te rendra justice dans l'image que tu veux donner ou que tu as de toi.
HB : Dans quelle mesure la mode influence-t-elle la musique et votre musique plus particulièrement ?
Hamza : Je pense que c'est notre musique qui est en train d'influencer la mode. Tout ce qui se passe dans la mode aujourd'hui c'est très lié au streetwear et donc par extension au rap. Plus largement même à la musique urbaine.
The Magician : Arriver au restaurant en casquette et hoodie aux Etat-Unis ça a toujours été normal, en France non. Là on assiste à un retournement de situation, le combo casquette/hoodie est désormais une tenue chic et branchée. Bien plus parfois qu'un smoking. Même si le costume reste de mise pour certaines occasions bien précises le streetwear est rentrée dans les codes dits "branchés". La capuche ou les sneakers ne sont plus associés à la "caillera". Le quartier, la cité, inspirent les marques, les tenues portées en banlieue se sont déplacées sur les podiums, apposant ainsi le "label" de mode sur ce qui pouvait être synonyme de quartier et par extension de non réussite sociale.
HB : Est-ce que c'est jouissif de voir le luxe puiser dans la culture streetwear ?
Hamza : La mode c'est un cycle. Ils piochent chez nous, on pioche chez eux. On a aussi besoin des marques de luxe pour dégager parfois une certaine aura. C'est donnant-donnant. Chacun a besoin l'un de l'autre. C'est un va et vient permanent entre le luxe et le streetwear.
HB : Hamza tu travailles beaucoup sur ton image mais on te voit peu dans les médias, pourquoi ?
Hamza : J'essaie d'être sélectif. Je ne trouve pas ça charmant d'être partout, de s'exprimer sur tout et sur pleins de supports. J'aime la discrétion et le mystère, et pour garder ces deux qualités il s'agit juste de donner les bonnes informations dans les bons médias. C'est une réelle stratégie. On peut refuser des télés maintenant, on n'en a plus besoin. Notre public il n'est plus devant le poste, il est sur Internet. On peut évidemment regretter de ne pas avoir fait tel ou tel plateau télévision, mais ce n'est en tout cas plus un besoin.
HB : Et au fait, tu mélanges quelle sauce maintenant Hamza ?
Hamza : Je pense qu'on ne devrait pas donner les recettes des sauces. Tu peux sentir l'odeur mais je ne te donnerai pas les ingrédients (rires).
"Je pense que c'est notre musique qui est en train d'influencer la mode."
-Hamza