Espérais-tu un tel succès avec "Life Of A Dark Rose ?"
Je savais que quelque chose allait arriver avec ce projet, que ça allait déclencher des choses pour moi. Mais au bout d’un moment, j’étais juste fatigué de la mixtape. Je l’avais trop écoutée, je voulais juste qu’elle sorte.
Quelle est la suite pour toi ?
J’ai plusieurs tournées de prévues, une aux États-Unis, une autre en Europe, d’autres projets, des clips… Je vais prendre mon temps pour mon premier album, il faut que je sois focus. Pour le moment je suis concentré sur mes concerts. Comme je ne suis pas du genre à faire acte de présence sur scène, il faut que je me prépare pour donner le meilleur. On saute, on crie, on donne vraiment tout et on en ressort même blessés parfois (rires). Plus sérieusement, c’est un vrai travail et je prends tout ça très au sérieux.
Pourrais-tu appliquer ta créativité à d’autres domaines ?
Bien sur, j’ai envie de faire de concevoir des habits, de réaliser des films… C’est à ce moment là que je pourrais considérer que j’ai réussi. Quand je serais libre de créer ce que je veux.
Lil Skies porte des pièces de la collaboration
The North Face x Junya Watanabe.
Lil Skies porte un T-shirt COMME des GARÇONS, un shirt
JW Anderson et des lunettes de soleil Oliver Peoples.
Lil Skies porte une tenue complète AMBUSH
avec des chaussures Adieu.
"Quand je rentre en studio, je sais exactement ce que je vais faire. C’est l’adrénaline de l’instant T qui me rend créatif."
Lil Skies porte un T-shirt Alyx et des lunettes de soleil Oliver Peoples.
Lil Skies porte une veste Stone Island.
Comment étais-tu considéré dans ton lycée ? Étais-tu la star montante locale ?
Au moment de passer mon BAC, je n’étais pas encore très connu. Les gens savaient que je faisais de la musique et connaissaient mon nom mais j’étais un gars normal. Quand tout a explosé pour moi j’ai reçu beaucoup d’appels et de messages de gens qui me dénigraient auparavant, mais c’est comme ça.
Ta première mixtape s’appelait "Good Grades & Bad Habits," quelles sont ces mauvaises habitudes ?
Mes mauvaises habitudes ? Fumer de la weed, sortir avec des filles,… Même si maintenant je passe le plus clair de mon temps à fumer et je n’ai plus trop le temps de voir des filles (rires). Je pourrais facilement en rencontrer grâce à ma notoriété mais ça ne m’intéresse pas.
Comment as-tu évolué depuis tes premiers projets ?
J’ai beaucoup appris et j’ai grandi autant humainement que d’un point de vue artistique. Même si je n’ai que 19 ans, j’ai déjà accumulé pas mal d’expérience depuis mes débuts. Je prends chaque morceau comme un apprentissage et une nouvelle expérience. Les choses vont tellement vite que je dois juste garder le rythme.
D’où vient ton nom Lil Skies ?
Le nom d’artiste de mon père était Dark Skies et quand les gens m’ont vu débuter, ils m’ont appelé naturellement Lil Skies. Le fait qu’il baigne déjà dans la musique m’a beaucoup influencé mais j’ai toujours voulu rester moi-même.
À quelle âge as-tu commencé la musique ?
J’ai commencé à faire de la musique à 4 ans et j’ai écrit mes premiers morceaux à 14 ans. C’était juste pour m’amuser, j’essayais quelques freestyles comme ça… À l’époque je rappais sur les cours ou sur ma famille, sur tout ce que je vivais au quotidien…
Où as-tu grandi ?
J’ai grandi en Pennslyvanie à Waynesboro. Il n’y a pas grand chose à faire là-bas et niveau musique, ce sont des genres comme la country qui prédominent. Je suis sûrement le premier à être sorti de ce cadre pour faire du hip-hop. Maintenant il y a de nouveaux artistes qui émergent et mon succès a sûrement dû en inspirer certains.
Lil Skies porte un shirt Yohji Yamamoto et des
lunettes de soleil Oliver Peoples.
Lil Skies porte un ensemble Kappa, un gilet Facetasm et des chaussures Y-3.
Conçois-tu ta musique de la même manière que lorsque tu étais plus jeune ?
Non, ma musique a beaucoup changé. Elle a grandi avec moi. Je ne vais pas dévoiler mes secrets de fabrication mais quand je rentre en studio, je sais exactement ce que je vais faire, c’est devenu plus simple. J’ai trouvé la bonne recette en quelque sorte.
Quel est ton processus créatif ?
Ma routine est assez simple, j’écoute des instrumentales au studio et je rappe ce que je ressens sur le moment. C’est assez instinctif comme procédé mais c’est l’adrénaline de l’instant T qui me rend créatif.
Comment as-tu rejoint Lil Uzi Vert
en tournée ?
C’était fou. Je pense que son entourage aimait ce que je faisais et ils m’ont contacté pour que je les rejoigne. C’était incroyable de me retrouver avec eux.
Comment abordes-tu les comparaisons
avec ces rappeurs ?
Je ne fais pas trop attention à ça. Je ne m’occupe pas trop de ce que les gens pensent. Les gens qui parlent de moi me font de la publicité gratuite donc c’est cool.
Quelles émotions veux-tu transmettre
à travers ta musique ?
Chaque morceau est différent. Je veux juste que les gens ressentent quelque chose de différent à chaque chanson, peu importe l’émotion. Qu’au moins une personne soit touchée par mes chansons, c’est ça l’objectif de ma musique.
Comment fais-tu pour garder la tête froide ?
Je m’efforce de rester bien entouré. Je connais Landon et Nick depuis des années et nous sommes toujours
des gars tranquilles et posés, comme au début. Nous
avons nos propres délires, nous ne suivons pas vraiment les tendances. On aime juste ce que l’on fait et la plupart des gens ont oublié ça. "They get lost in the sauce" comme dirait Gucci Mane. On reste nous-même c’est tout.
Pour le moment je n’ai encore rien fait
et le meilleur reste à venir
À quoi ça ressemble, "The Life of a
Dark Rose ?"
Ça ressemble beaucoup à un album, c’est ce que tout le monde me dit. J’ai entendu un tas de choses sur ce projet mais ce ne sont que des commentaires positifs et c’est tant mieux.
D’où vient la noirceur de ta musique ?
Je suis tout le temps triste. Je me sens seul et déprimé. C’est de là que vient les Dark Roses. Je suis tout le temps comme ça et ça influence beaucoup ma musique. J’adore rester seul, fumer et me plonger dans mes pensées. C’est pour ça que je dis souvent que je m'efforce de réussir, car je n’ai pas encore atteint mes objectifs. Certains vont dire qu’ils ont réussi parce qu’ils ont ceci ou cela mais je ne suis pas comme ça. Pour le moment je n’ai encore rien fait et le meilleur reste à venir.
Dans un de tes morceaux tu dis "J’ai des tatouages sur le visage, ça me sert de motivation", qu’est ce que ça signifie ?
Je pense que c’est quelque chose que la société a encore du mal à accepter et les gens ont tendance à dire que c’est difficile de trouver un travail avec des tatouages sur le visage. Parmi tous mes tatouages, ceux de mon visage me motivent encore plus pour réussir. Je suis obligé de réussir dans la musique, je n’ai pas d’autre solution.
Tu as déjà eu d’autres travails
auparavant ?
J’ai déjà fait toutes sortes de boulots. J’ai travaillé au McDo, à l’usine… j’ai vraiment fait un tas de choses.
Quel est ton rêve ? Quand pourras-tu dire que tu as atteint un objectif ?
J’ai le sentiment que je le saurais quand j’aurais atteint la réussite. Je ne sais pas vraiment mais là je n’ai pas l’impression d’avoir encore accompli quelque chose. Le succès de ma mixtape m’a ouvert beaucoup de portes et je suis à la place que je veux occuper. Aucun label ne me contrôle mais le jour où je serais vraiment libre de faire ce que je veux, j’aurais le sentiment d’avoir réussi. Je ne suis vraiment pas comme les autres rappeurs.
Lil Skies porte une veste Stone Island.
Quand on écoute ta musique, on s’attend à beaucoup plus de chansons parlant d’amour. Pourquoi ta dernière mixtape est-elle si sombre ?
Il existe tellement de types d’amours différents que je pourrais écrire beaucoup de morceaux sur ce thème mais quand à chaque fois que j'ai croisé l'amour dans ma vie, il était faux. Il y a beaucoup de jeunes qui se reconnaissent dans mon coté sombre et c’est pour ça que je ne le bride pas. Je sais que ça ne plait pas aux labels et certains aimerait que je change mais je veux rester vrai et authentique.
C’est aussi pour cette raison que ma mixtape a mis autant de temps à sortir. Je me suis battu pour qu'elle reste ainsi et qu'elle ne soit pas modifiée.
C’est difficile de s’affirmer dans l'industrie musicale quand on est jeune et qu’on n’a pas encore réellement exprimé son potentiel mais c’était impossible pour moi de devenir une marionnette. J’avais des choses à prouver mais aujourd’hui tout le monde est témoin de ce qui se passe.
Tu parles souvent de jalousie et de haine dans ta musique, comment ces sentiments t’inspirent t-ils ?
Ces sentiments sont tout autour de nous. Si tu vas sur n’importe quelle photo de rappeur sur Instagram, tu vas en retrouver beaucoup dans les commentaires. Je ne vais jamais sortir de ma bulle et répondre à ces messages mais ces chansons représentent ma manière de répondre à mes détracteurs. C’est comme ça que je leur montre ma réussite. C’est le seul moment où je leur accorde de l’attention.
"Cloudy Skies" est une des rares chansons qui parle d’amour, à qui est-elle adressée ?
J’ai écrit ce morceau quand j’étais à Los Angeles et je me souviens avoir ressenti quelque chose de vraiment spécial en écoutant l’instrumentale. Parfois je conçois ma musique comme un film et "Cloudy Skies" répond à cette idée. Des images me venaient en tête et je les ai juste retranscrit dans le morceau comme vous le connaissez maintenant.
Il y a seulement 19 ans, Lil Skies tombait du ciel auréolé du nom de scène de son père, Dark Skies. Cet héritage musical, le jeune Kimetrius Foose de son vrai nom nous l'évoque timidement et laisse plutôt sa musique le raconter pour lui. Une musique qui bourgeonne un peu plus avec sa dernière mixtape, The Life of a Dark Rose et qui témoigne d'une certaine mélancolie que l'artiste originaire de Pennsylvanie n'a aucun mal à aborder. Si Skies a grandi sous un ciel souvent sombre, il a scellé un pacte avec lui-même pour éclaircir celui de ses fans à travers sa musique. C'est ainsi que les tatouages sur son visage incarnent ce gage de succès et s'il nous offre sa rose la plus noire, Lil Skies se charge de tenir son épineuse tige.
"C'est l'adrénaline qui me rend créatif."
